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La lutte du secteur public : un combat féministe !
21 septembre 2023
Quelques chiffres de Statistique Canada (2022) pour commencer :
Au Québec, dans le secteur de la santé, on compte 80 % de femmes. En éducation : 70 %.
Dans les services sociaux : 88 %. Plus précisément, les infirmières forment 92 % de la main-d’œuvre, les infirmières auxiliaires et préposées aux bénéficiaires, 87 %, les auxiliaires familiales, 80 %, les préposées à l’entretien ménager, 70 % et les éducatrices en services de garde, 96 %.
Sans les centaines de milliers de femmes œuvrant auprès des malades, des enfants, des personnes aînées, des familles en difficulté et j’en passe, le Québec se porterait très mal.
Durant la pandémie, sans celles et ceux qui sont restés au front dans les hôpitaux, les écoles, les CHSLD, le Québec n’aurait pas pu traverser cette énorme crise. Qui a tout de même laissé de sérieuses séquelles : décès, COVID longue, aggravation des problèmes de santé mentale et j’en passe. Qu’aurions-nous fait sans les employées du secteur public ?
Aujourd’hui, alors que ces femmes expriment haut et fort leur colère devant des offres qu’elles jugent insultantes, on leur dit que le Québec n’a pas les moyens de faire mieux. On compte, une fois de plus, sur leur dévouement comme on a compté durant des siècles sur leur travail gratuit au sein des familles. Le gouvernement de François Legault espère, comme tant d’autres avant lui, que les travailleuses ne se résoudront pas à exercer des moyens de pression dérangeants. Je crois qu’il se trompe.
Je pense que cette fois-ci, les femmes et leurs collègues masculins vont prendre les moyens légaux et démocratiques à leur disposition pour faire entendre raison à un gouvernement qui sous-estime leur combativité. Pourquoi ?
Parce que l’augmentation salariale proposée par le gouvernement caquiste est de 9 % sur 5 ans, donc largement sous le niveau de l’inflation. Des écarts de rémunération significatifs persistent entre le secteur public et le secteur privé syndiqué. D’autre part, le gouvernement a voté une hausse du salaire des députés de 30 % et il propose 21 % de plus aux policiers de la Sûreté du Québec. À la SQ, les hommes forment 73 % des effectifs. Ceci explique-t-il cela ?
Ce n’est pas tout. On sait que les heures supplémentaires obligatoires vont continuer d’être la norme dans beaucoup d’établissements. Que la charge de travail restera la même à court terme. Que les enseignantes devront tenir le coup dans des classes surpeuplées, avec peu de soutien professionnel. On ne peut plus ignorer les difficultés quotidiennes auxquelles font face toutes ces travailleuses et leurs collègues masculins.
Alors pourquoi ? Pourquoi cette iniquité salariale persistante entre les travailleurs dans les grosses entreprises et les femmes œuvrant dans les services publics ?
C’est assez simple : du point de vue de l’économie capitaliste, ce qui est rentable (pour qui ?), c’est la production de biens et leur mise en marché. Chaque fois qu’un gouvernement discourt sur le développement économique, il parle de mines, de bois, d’usines. Les services publics ? Oui, il en faut, bien sûr, mais chaque gouvernement trouve que ça coûte bien cher. D’où la tentation d’ouvrir des services privés… largement soutenus par l’État ! Cherchez l’erreur. Et l’État plaide qu’il n’a pas les moyens de payer ses employées au-delà d’un certain seuil, déterminé par lui, bien entendu.
Disons-le : ces jours-ci, le gouvernement Legault trouve de l’argent pour subventionner des multinationales. Pourquoi ne pas considérer les sommes investies par l’État dans les services publics comme des investissements, non seulement comme des dépenses ? Le retour sur investissement est ici : s’assurer d’une population en bonne santé physique et mentale. Éduquer nos enfants pour en faire des citoyennes et citoyens informés et critiques, ce qui est fondamental en démocratie. Les sociétés les plus riches et les mieux organisées au monde sont celles qui investissent dans les services publics. Et si le gouvernement québécois manque vraiment d’argent, des économistes progressistes et féministes auront certainement des suggestions.
Je pense que, cette fois-ci, une population meurtrie et reconnaissante va appuyer les travailleuses des services publics et soutenir leurs revendications pour des salaires décents et des conditions de travail normales. C’est un combat féministe, car il s’agit de reconnaître le talent et la persévérance de celles qui prennent soin de nous à bout de bras. Le 23 septembre, je marcherai à leurs côtés.
https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2023-09-21/la-lutte-du-secteur-public-un-combat-feministe.php#
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