Négociations locales au CISSS des Laurentides: « À quoi bon une réforme, si c’est pour détériorer la qualité des services à la population? »
11 septembre 2018
Sainte-Thérèse ̶ Les membres de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) de la région des Laurentides ont manifesté aujourd’hui, à Sainte-Thérèse, pour dénoncer les demandes déraisonnables de leur employeur, susceptibles de les pénaliser et de compromettre sérieusement la qualité des services aux usager·ère·s.
Plus de temps en voiture
L’APTS dénonce tout particulièrement les intentions de l'employeur d’accroître les distances parcourues par ses membres pour rendre des services à la population, situation qui résulte de l’extension du territoire consécutive à la fusion des établissements.
« C’est une aberration, s'indigne Benoît Audet, président de l’exécutif local de l’APTS-Laurentides. L'employeur veut étendre le rayon d'intervention de certain·e·s employé·e·s de 60 km! On demande ainsi à nos membres de passer plus de temps au volant et moins de temps auprès des usager·ère·s. Cherchez l’erreur! »
La performance avant les soins
L'APTS en a également contre les exigences administratives croissantes liées à la paperasse, aux statistiques et aux contraintes budgétaires. À croire que le ministre Barrette a fourni sa réforme avec une calculatrice et un chronomètre.
« L'employeur est obsédé par ses budgets, ses stats et l’atteinte de ses cibles, au détriment des conditions de travail et des services à la population. C'est rendu qu'on passe plus de 40 % de notre temps à faire de la reddition de compte et moins de 60 % à fournir des services directs aux usager·ère·s, c’est carrément inacceptable! » s'offusque Benoît Audet.
Du personnel difficile à attirer
En agissant de la sorte, poursuit-il, l'employeur ne fait rien pour améliorer des conditions de travail qui sont déjà très difficiles. Résultat : le CISSS des Laurentides s'enligne pour aggraver le problème d’attraction et de rétention du personnel avec lequel il doit déjà composer, ce qui affecte également le niveau et la qualité des services.
« Actuellement, la situation est telle, qu'on a de la difficulté à procéder au remplacement de congés de toutes sortes (maternité, maladie, etc.), souligne Benoît Audet. C’est même difficile d’avoir du monde sur nos listes de rappels! Et que fait le CISSS? Il ferme les yeux et fait même tout ce qu'il faut pour détourner davantage de main-d’oeuvre vers d’autres employeurs, plus concurrentiels et plus attrayants. »
Détresse psychologique
On ne s'étonne guère, dans ces conditions, qu'un grand nombre d'employé·e·s soient rendu·e·s au bout du rouleau. Au CISSS des Laurentides, l’absentéisme pour cause de maladie a monté en flèche depuis l'instauration de la réforme, en 2015. Cela corrobore les résultats d’un sondage mené par l'APTS, qui révèle que 58 % de ses membres sont dans un état de détresse psychologique élevée ou très élevée.
« Qu’on se tourne vers l'employeur ou qu’on se tourne vers le ministre Barrette, on se pose sérieusement la question: "Allô, y'a quelqu'un? " Quelqu’un pour nous écouter, quelqu’un pour nous entendre vraiment? Tout ce qu’on veut, ce sont des conditions de travail qui, en bout de ligne, se traduiront par une meilleure qualité des services à la population. Sinon à quoi bon toute cette réforme? » de conclure le représentant de l'APTS.
À propos de l’APTS
Avec 55 000 membres, l’APTS est un syndicat indispensable du réseau public de la santé et des services sociaux. Elle représente plus d’une centaine de titres d’emploi distincts parmi le personnel professionnel et technique dans les domaines du diagnostic, de la réadaptation, de la nutrition, de l’intervention psychosociale, du soutien clinique et de la prévention. Dans la région, elle regroupe 3 000 personnes salariées.