J O U R N É E  D E  L A  V U E   >>>

Lettre ouverte - La réforme Dubé exploite le travail des femmes

13 décembre 2023

Lettre ouverte - La réforme Dubé exploite le travail des femmes - APTS

Alors que le projet de loi 15 n’a pas été soumis à un réel débat public, alors que de nombreuses organisations directement touchées n’ont pas été entendues, alors que pratiquement l’ensemble des amendements soumis en commission parlementaire ont été refusés, son adoption sous le bâillon samedi dernier démontre le contrôle que veut exercer la Coalition avenir Québec (CAQ) sur la société québécoise, et particulièrement sur les femmes. 

La réforme Dubé constitue en effet un recul pour les travailleuses du réseau de la santé, des services sociaux et du communautaire, mais aussi pour les femmes ayant droit à des soins et services de santé. Les femmes doivent être partie prenante des décisions qui les impliquent et qui les affectent directement. Le gouvernement de la CAQ nous trouvera sur son chemin et nous ne reculerons pas. Nous, signataires de cette lettre, disons : non, ça suffit ! La réforme Dubé est tout sauf santé.

Alors que le terme « exploiter les femmes » est maintenant considéré comme un propos non parlementaire, nous ne pouvons que nous insurger contre le fait que, sur le terrain, l’exploitation du travail des femmes suit son cours. Doit-on rappeler qu’encore l’an dernier, les Québécoises ont gagné 90 % du salaire des Québécois, ce qui marque symboliquement le 25 novembre comme étant le jour à partir duquel les femmes travaillent gratuitement ? Doit-on rappeler que les travailleurs de nos réseaux publics sont à 80 % des travailleuses ? 

Doit-on rappeler, aussi, que, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), les travailleuses et les travailleurs des services publics accusent un retard de 7,4 % sur le plan de la rémunération globale et un retard de 16,6 % en ce qui concerne les salaires ? 

Et la cerise sur le gâteau : le projet de loi 15, sous le prétexte de rendre notre système public plus efficace, accentue cette tendance à dévaloriser et à contrôler le travail des femmes. La vision du ministre de la Santé, Christian Dubé, pour notre réseau de la santé et des services sociaux est si centralisatrice et autoritaire qu’elle abolit pratiquement tous les espaces du pouvoir citoyen au profit de « top guns » du privé et d’une agence qui deviendra le plus gros employeur du Canada. 

Cette vision menace l’autonomie des travailleuses, des groupes communautaires et des sages-femmes dans l’identification des meilleures pratiques, ce qui aura à terme des conséquences sur le libre-choix des femmes. Alors même que ce sont les femmes les principales utilisatrices de ces services, rien n’est proposé au chapitre de la prévention, des déterminants sociaux de la santé ou du bien-être de la population. 

La volonté, par ailleurs, du ministre Dubé de ne pas inclure les services sociaux dans le nom de la future Agence santé Québec en dit long à ce sujet. Nous invitons donc les femmes et leurs alliés à exprimer leur opposition à la réforme Dubé en portant le carré mauve.

Lettre parue dans Le Devoir le 13 décembre 2023

Signataires  (une personne par organisation) :  

Caroline Senneville présidente, Fédération de la santé et des services sociaux-CSN;Judith Huot, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux-CSN; Nathalie Arguin, secrétaire de la CSN ; Katia Lelièvre, 3e vice-présidente de la CSN ; Stéphanie Vallée, L’R des centres de femmes du Québec ; Mélissa Lessard, Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) ; Nadia Morissette, L’R des centres de femmes du Québec ; Mandoline Blier et Katie Dufresne, Centre de femmes l’Autonomie en soiE ; Marie-Claude Goudreault, Maison des femmes des Bois-Francs ; Judith Huot, Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) ; Mercédez Roberge, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles ; Marie-Andrée Gauthier, Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec ; Louise Boivin, Collectif de recherche-action sur le travail et l’association socioéconomique (CREATAS) ; Geneviève Lamarche, Coalition solidarité santé ; Mylène Bigaouette, Fédération des maisons d’hébergement pour femmes ; Roxanne Lorrain, Mouvement pour l’autonomie dans l’enfantement ; Marjolaine Goudreau, présidente et porte-parole pour le RECIFS ; Sylvain Dubé, Réseau communautaire en santé mentale (COSME) ; Karen Messing, Équipe de recherche sur le travail SAGE (Santé, Genre, Égalité), Université du Québec à Montréal ; Jessica Riel, directrice de l’Équipe de recherche sur le travail SAGE et professeure à l’École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal ; Isabelle Marchand, professeure, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais ; Ruth Rose, professeur retraitée en sciences économiques, UQAM ; Sylvie Riendeau Langlais, Centre de femme Entre Ailes ; Dominique Damant, École de travail social, Université de Montréal ; Milca Bibeau, Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) ; Andrée-Anne Chevrier, coordonnatrice du Regroupement des femmes La Sentin’Elle ; Gabrielle Juneau, directrice du Quartier des femmes ; Colette Cummings, Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) ; Véronique Dommerc, Centre des femmes de Laval ; Jeanine Fournier, coordonnatrice Regroupement des femmes de la Côte-de-Gaspé ; Jolyane Annett, animatrice-intervenante, Regroupement des femmes de la Côte-de-Gaspé ; Mathilde Trou, Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale ; Nathalie Latreille, Centre de femmes l’Éclaircie ; Sylvie St-Amand, Fédération des femmes du Québec ; Véronique Laflamme, FRAPRU ; Sarah Landry, Coalition pour la pratique sage-femme ; Line Camerlain, première vice-présidente, Centrale des syndicats du Québec ; Annie Tanguay, La Collective des femmes de Nicolet et région ; Josyane Giroux, regroupement Les sages-femmes du Québec ; Caroline Quesnel, présidente FNEEQ-CSN ; Rose Ngo Ndjel, direction Afrique au féminin ; Ghazala Munawar, coordonnatrice Centre C ; Carole Boulebsol, professeure, Université du Québec en Outaouais ; Constance Allain, Centre de femmes L’Antre-Hulloises ; Megan Audet, Centre de femmes L’Érige ; Joanne Blais, Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) ; Cynthia Damboise, Centre des femmes du Ô Pays ; Mélanie Lefrançois, professeure, École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) et membre de l’Équipe de recherche interdisciplinaire sur le travail SAGE ; Karine Drolet, Réseau des groupes de femmes Chaudière-Appalaches ; Lucie Martin, Signée Femmes, centre de femmes de Rivière-Rouge ; Isabelle Bazinet, Avec des Elles ; Nathalie Bernier, Table de concertation des groupes de femmes Bas-Saint-Laurent ; Etni Cortés, Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles ; Hamida Melouane, Assemblée des groupes de femmes d’interventions régionales Outaouais ; Ghazala Munawar, Centre communautaire des femmes sud-asiatiques ; Sandra Etienne, vice-présidente, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ; Josée Turbis, Centre Femmes d’aujourd’hui ; Marie-Eve Desroches, Table des groupes de femmes de Montréal ; Linda Crevier, Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie ; Justine Chénier, Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS) ; Catherine Paquet, La Marie Debout centre d’éducation des femmes ; Cyrielle Casse, Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) ; Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM) ; Élise Landriault-Dupont, Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale ; Andrée Pelletier, Le Havre des femmes ; Isabelle Thibault, Réseau des femmes des Laurentides (RFL) ; Clara Bastiani, Centre de femmes du Témiscamingue ; Christine Drolet, Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal (CEAF) ; Audrey Corriveau, Centre-Femmes de Bellechasse ; Lucie Gosselin, Centre ressources pour femmes de Beauport ; Shana Blanchette, Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS Rive-Sud) ; JC Chayer, Centre de femmes L’Essentielle ; Josée Robidas, Centre de femmes Ainsi soit-elle ; Mylène Beaulieu, Regroupement des femmes de la Côte-Nord ; Marika Poulin, Centre Femmes L’Ancrage ; Marianne Pertuiset-Ferland, Association féministe d’éducation et d’action sociale (AFEAS) ; Claudie Hovington, Centre de femmes L’Alliance des femmes, Côte-Nord ; Christiane Bourgault, Centre-Femmes La Jardilec ; Pauline Bélanger, Conseil central du Bas-Saint-Laurent, CSN ; Annette Herbeuval, Conseil central de la Montérégie, CSN ; Monic Brazeau, Centre Femmes aux 4 Vents, Côte-Nord ; Martine Duchesne, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec ; Manon Tremblay, Conseil central du Saguenay–Lac-Saint-Jean, CSN ; Caroline Dépault, Regroupement québécois des CALACS ; Micheline Guillaume, Centre des femmes du Témiscouata–Bas-Saint-Laurent ; Karine Harvey, Centre Femmes aux plurielles à La Malbaie ; Julie Drolet, Centre des femmes de Longueuil ; Annik Gagné-Laferrière, ESPACE région de Québec ; Nathalie Lizotte, Centre de femmes Îlot d’Espoir, N-du-Q ; Nathalie Babin, coordonnatrice Centr’Elles, comité d’action des femmes d’Avignon ; Mélanie Landry, intervenante-animatrice Centr’Elles, comité d’action des femmes d’Avignon ; Joanie Béland, Table de concertation de Laval en condition féminine ; Annie-Christine Tardif, Fédération autonome de l’enseignement ; Christine Arseneault-Boucher, animatrice-intervenante, Regroupement des femmes La Sentin’Elle ; Lyne Monette, présidente AFEAS Lachute ; Françoise Ramel, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ; Marie-Eve Blanchard, Regroupement Naissances respectées (RNR) ; Johanie Dupras Renaud, responsable provinciale à la condition féminine, Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ; Diane Thomas, responsable régionale à la condition féminine Québec/Chaudière-Appalaches, CSD ; Jordanne Lavoie, responsable régionale à la condition féminine Richelieu/Yamaska, CSD ; Véronique l’Heureux, responsable régionale à la condition féminine Estrie, CSD ; Adèle Tremblay, responsable régionale à la condition féminine Saguenay–Lac-Saint-Jean, CSD ; Joanie Lussier, responsable régionale à la condition féminine Montréal, CSD ; Cynthia Gauthier, responsable régionale à la condition féminine Mauricie/Centre-du-Québec, CSD ; Kim Paradis, conseillère syndicale, Centrale des syndicats démocratiques, CSD ; Gabrielle Pitre, Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie (TCGFM) ; Kathleen Couture, coordonnatrice en santé mentale, L’Arc-en-Ciel des Seigneuries, groupe d’entraide en santé mentale ; Tania Bond, coordonnatrice, À la Source Sept-Îles et Port-Cartier ; Jade St-Georges, mère au front (MAF) et doctorante en management, Université Laval ; Rosalie Fournier-Paré, co-coordinatrice, ROSE du Nord ; Maud Provost, Organisation communautaire, Réseau d’action des femmes en santé et services sociaux (RAFSSS) ; Annick Charette, présidente, Fédération nationale de la communication et de la culture (FNCC-CSN) ; Isabelle Auclair, professeure, Université Laval ; Céline Beauregard, Signée Femmes, le Centre de femmes de la MRC d’Antoine-Labelle ; Katherine Robitaille, doctorante en management, Université Laval ; Kimberley Plante, La Maison d’hébergement L’Égide (2e étape)