Lettre ouverte | Ensemble, pour l’égalité des chances dans tous les milieux
19 novembre 2024
Alors que le gouvernement du Québec, après un déficit record, cherche à rééquilibrer son budget en diminuant ses dépenses, il importe de rappeler qu’investir en petite enfance, pour que chaque tout-petit développe son plein potentiel, n’est pas une charge ou un luxe, mais plutôt un choix responsable et rentable.
Les gains sont encore plus grands lorsque l’on s’attaque d’abord aux inégalités d’accès aux services essentiels pour les enfants et leur famille. Ces inégalités découlent principalement de disparités sociales et territoriales.
Par exemple, l’édition 2022 de l’Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants (EQPPEM) confirme une augmentation de la probabilité qu’un enfant vivant dans un ménage à faible revenu soit considéré comme vulnérable dans au moins un domaine de son développement lors de son entrée à la maternelle.
De même, les enfants vivant en milieux ruraux et ceux qui grandissent dans des quartiers défavorisés ont drastiquement plus de probabilités d’avoir un parcours de vie impliquant la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), allant jusqu’à être deux fois plus à risque de faire l’objet d’un placement (1).
Pourtant, chaque tout-petit a une valeur inestimable pour le futur de notre société! Ils doivent tous avoir les mêmes opportunités de s’épanouir pleinement, sans égard aux milieux où ils naissent et grandissent.
Investir dans un meilleur avenir pour tous
La 9e édition de la Grande semaine des tout-petits porte sur les inégalités sociales et territoriales vécues par les tout-petits et leur famille. Cet événement est l’occasion de se pencher collectivement sur les actions à mettre en place pour prévenir et combattre les inégalités. C’est aussi une opportunité pour encourager l’ensemble de la société à se mobiliser.
Cependant, pour assurer l’égalité des chances aux quelques 514 000 tout-petits au Québec (2).
Ces politiques doivent être le reflet d’une vision ambitieuse partagée par tous les décideurs, et se traduire en moyens concrets, uniformément distribués sur l’ensemble du territoire.
Il faut notamment viser l’optimisation du réseau de la santé et des services sociaux afin qu’il offre prioritairement aux tout-petits et à leurs parents les meilleurs services qui soient, sans délai.
Il faut reconnaître l’expertise des organisations de la société civile et des organismes communautaires travaillant pour le mieux-être des enfants. Les financer conséquemment, à la hauteur des besoins, est le meilleur moyen pour joindre les familles les plus vulnérables.
Enfin, il faut impérativement développer des places en services de garde éducatifs subventionnés qui répondent réellement à la demande et qui soient de qualité.
Une société aussi riche que le Québec ne peut tolérer que les disparités territoriales et sociales aient un impact négatif sur l’avenir de ses enfants, ou autrement dit, sur son propre avenir.
L’équité étant ainsi synonyme de prospérité, agissons en conséquence.
Cette lettre ouverte a été publiée dans les médias, dont Le Quotidien
Elise Bonneville, directrice du Collectif petite enfance
Co-signataires
Nancy Audet, journaliste, autrice et conférencière
Annie Bérubé, professeure, Département de psychoéducation et de psychologie, Université du Québec en Outaouais
Nathalie Bigras, professeure associée-retraitée, département de didactique, Université du Québec à Montréal, équipe de recherche FRQSC, qualité des contextes éducatifs de la petite enfance
Maude Bonenfant, professeure titulaire, Département de communication sociale et publique, UQAM
Camil Bouchard, professeur et chercheur à la retraite, département de psychologie, UQAM.
Kim Boutin, athlète, patin de vitesse courte piste
Élise Boyer, directrice générale, Fondation Olo
Robert Comeau, président, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Sylvana Côté, professeure titulaire, École de Santé Publique, Université de Montréal et chercheure, CHU Ste-Justine
Louise DesChâtelets, comédienne, animatrice et chroniqueuse
Martine Desjardins, présidente, Comité de suivi de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse
Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice
Jérôme Di Giovanni, directeur général, Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux
Marylin Dion, directrice générale, Ma place au travail
Marie-Claude Dufour, directrice générale, Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec
Sarah Dufour, professeure titulaire, École de psychoéducation, Université de Montréal
Tonino Esposito, professeur agrégé et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en services sociaux pour les enfants vulnérables, École de travail social, Université de Montréal
Miriam Fahmy, citoyenne
Valérie Fernandez, travailleuse sociale et présidente de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec
Gabrielle Fontaine, comédienne
Stéphanie Gareau, directrice générale, Marie-Vincent
Alex Gauthier, directeur-général, Fédération québécoise des organismes communautaires Famille
Marie Grégoire, présidente-directrice générale, Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Alex Harvey, ex-fondeur canadien et avocat
Sonia Hélie, chercheure en établissement à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté
Jean-Pierre Hotte, ex-président, Avenir d’enfants et co-auteur du rapport Agir pour que chaque tout-petit développe son plein potentiel (2019)
Jennifer Johnson, directrice exécutive, Réseau communautaire de santé et de services sociaux (CHSSN)
Marie-Pier Jolicoeur, doctorante en droit des enfants et chargée de cours, Université Laval et Université d’Ottawa
Carl Lacharité, professeur émérite de psychologie de l’enfant et de la famille
Eve Lagacé, directrice générale, Association des bibliothèques publiques du Québec
Luce Lapierre, directrice générale, Réseau québécois pour la réussite éducative
Pierre Lavoie, cofondateur du Grand défi Pierre Lavoie
André Lebon, ex-vice-président, Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ)
Louise Lemay, professeure associée à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke
Marie-Claude Lemieux, directrice générale, Affaires publiques et gouvernementales, Association québécoise des centres de la petite enfance
Mathieu Léonard, boxeur et conférencier jeunesse
Francine Lessard, directrice générale du Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance (CQSEPE)
Isabelle Lizée, directrice générale, Espace MUNI
Gaël Magrini, directeur général, Alliance québécoise de la pédiatrie sociale en communauté
Melissa Mollen Dupuis, animatrice, auteurice et militante Innu
Derek B. Montour, directeur exécutif, Services communautaires Kahnawà:ke Shakotiia’takehnhas
Anne-Marie Morel, directrice de projets en périnatalité, Association pour la santé publique du Québec (ASPQ)
Geneviève Pagé, professeure titulaire au département de travail social, Université du Québec en Ouatouais directrice scientifique de l’Équipe de recherche sur le placement et l’adoption en protection de la jeunesse
Julie Paquette, directrice générale, Alima, Centre de nutrition sociale périnatale
Marie-Andrée Périgny, présidente, Association des conseils multidisciplinaires du Québec
Claude Pinard, président et directeur général, Centraide du Grand Montréal
Julie Poissant, professeure et chercheuse en périnatalité et petite enfance
Dr Éric Poulin, optométriste, président, Ordre des optométristes du Québec
Guadalupe Puentes-Neuman, professeure Titulaire, département de psychologie, responsable du programme de doctorat en psychologie clinique de l’enfant, de l’adolescent et des parents, Université de Sherbrooke
Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)
Audrey Renaud, directrice générale, Regroupement Partage
Maryse Rondeau, présidente de l’Association d’éducation préscolaire du Québec
Amélie Sigouin, directrice générale, La Maison Bleue
Marjolaine Sioui, directrice générale, Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador
Nibisha Sioui, psychologue et chargée de cours, UQAM
Sandrine Tarjon, directrice générale, Association des haltes-garderies communautaires du Québec
Juan Torres, professeur, urbaniste, École d’urbanisme et d’architecture de paysage, Université de Montréal
Corinne Vachon Croteau, directrice générale, Réseau pour un Québec Famille
Guillaume Vermette, clown humanitaire
Raymond Villeneuve, directeur général, Regroupement pour la Valorisation de la Paternité
Laure Waridel, Écosociologue, autrice et co-instigatrice de Mères au front
(1) 1 Esposito, T., Chabot, M., Calwell, J., Webb, C., Delaye, A., Fluke, J., Trocmé, N., Bywaters, P. (2022). The differential effects of localized disparities in socioeconomic vulnerabilities and child protection involvement for reasons of neglect: Multilevel structural equation modeling. Children and Youth Services Review.
(2) Statistique Canada, Estimations démographiques annuelles (régions infraprovinciales, mai 2024). Adapté par l’Institut de la statistique du Québec.