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Les Québécois ne croient pas à la réforme Dubé

6 février 2024

Les Québécois ne croient pas à la réforme Dubé - APTS

Via L'Actualité
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Les Québécois ont très peu d’attentes à l’égard de la réforme Dubé en santé. Une grande majorité d’entre eux doutent fort que la mégaloi qui donnera naissance à l’agence Santé Québec permettra un meilleur accès au réseau, indique le second volet du sondage Pallas Data/Qc125/L’actualité, réalisé à la fin janvier. Les résultats du premier volet, sur les intentions de vote, avaient été publiés le 29 janvier.

L’enquête révèle que presque les deux tiers des personnes sondées se disent pessimistes ou très pessimistes quant aux possibilités que la réforme mette en place les conditions qui amélioreraient l’accès aux services. A contrario, seulement 13 % se disent plutôt optimistes ou très optimistes (3 %).

Le projet de loi 15, déposé en mars 2023 par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, et étudié pendant plus de 240 heures à l’Assemblée nationale, contenait quelque 1 200 articles, ce qui en a fait l’un des plus gros de l’histoire du Québec. Il a été adopté sous le bâillon le 9 décembre dernier. Il s’agit aussi de la plus ambitieuse réforme du système de santé depuis l’arrivée de la carte soleil.

L’objectif numéro un de cette réforme est l’amélioration de l’accès aux soins. Le ministre souhaite que les Québécois puissent avoir accès à un professionnel de la santé plus rapidement qu’actuellement, notamment aux urgences, en chirurgie et pour une consultation avec un médecin spécialiste ou de famille. Grâce à la réforme, on pourra « se faire soigner partout, peu importe son code postal », et se « faire offrir une autre option, vers une autre région ou vers le réseau privé (gratuitement), lorsque les délais d’attente [seront] jugés déraisonnables », pouvait-on lire dans un communiqué du gouvernement soulignant l’adoption de la loi 15.

Or, le gouvernement Legault aura fort à faire afin de convaincre les électeurs des bienfaits de sa réforme du système de santé.

En effet, quand on leur a demandé s’ils avaient bon espoir que la réforme Dubé pourrait améliorer l’accès au réseau de la santé dans les prochaines années, une majorité de répondants (61 %) se sont dits très pessimistes (34 %) ou plutôt pessimistes (27 %), alors qu’à peine 16 % des sondés avaient différents niveaux d’optimisme.

Ceux qui, statistiquement, fréquentent davantage le réseau sont les moins pessimistes, mais les 65 ans et plus ne débordent pas d’optimisme non plus : un peu moins de la moitié se disent pessimistes, contre 23 % d’optimistes.

Auprès des répondants de 18 à 64 ans, le niveau de pessimisme franchit la barre des 60 %, une proportion qui s’élève à 69 % auprès des répondants de 35 à 49 ans.

Le pessimisme envers le réseau de la santé n’est pas non plus un phénomène régional. Dans chacune des régions sondées, des majorités de répondants n’ont pas d’espoir quant à l’amélioration de l’accès au réseau, et bon nombre d’entre eux se disent « très pessimistes ».

Curieusement, les proportions d’électeurs optimistes sont virtuellement identiques dans la région de Québec (16 %), dans le grand Montréal (15 %) et ailleurs au Québec (18 %). Comme ces écarts sont moindres que les marges d’erreur des sous-échantillons régionaux, nous pouvons affirmer qu’il s’agit de résultats remarquablement uniformes partout dans la province.

S’il y a légèrement plus d’électeurs francophones qui affirment être optimistes (18 %, contre 8 % chez les non-francophones), il est difficile d’établir une quelconque corrélation entre la langue d’usage des répondants et leur humeur par rapport à l’objet du sondage : 59 % des francophones et 68 % des non-francophones sont pessimistes quant à l’accès au système de santé québécois.

Il va sans dire que les électeurs de la Coalition Avenir Québec (CAQ) croient davantage aux chances de succès de la réforme que ceux des autres partis, mais encore là, la confiance est fragile : seulement 1 électeur de la CAQ sur 10 répond être très optimiste à ce sujet, 22 % se disent plutôt optimistes et 47 % affirment le contraire.

Si 20 % des électeurs péquistes se disent optimistes (la plus haute proportion parmi les partis d’opposition), plus de la moitié d’entre eux (55 %) sont pessimistes envers le système de santé. Chez les électeurs libéraux et ceux de Québec solidaire, les chiffres sont presque identiques : 7 sur 10 sont pessimistes. Parmi les électeurs du Parti conservateur, c’est une quasi-unanimité : 92 % sont pessimistes.

Voilà donc l’humeur de la population tandis que se met en place l’agence Santé Québec, qui devrait être opérationnelle plus tard en 2024. Avec si peu d’attentes à l’endroit de la réforme Dubé, le gouvernement Legault ne pourrait que surprendre les électeurs si effectivement l’attente diminuait dans le réseau de la santé.

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Ce sondage Pallas Data a été réalisé le 24 janvier 2024 auprès d’un échantillon aléatoire de 1 175 répondants québécois âgés de 18 ans et plus. Les données ont été recueillies par réponse vocale interactive au moyen d’appels téléphoniques sur des lignes terrestres et cellulaires. La marge d’erreur de l’échantillon entier est de ±3 %, 19 fois sur 20. Vous trouverez le rapport du sondage ici. Le sondage a été commandé par Qc125.