L’APTS installe une forêt des mal-aimé·e·s pour illustrer le manque de reconnaissance du personnel des laboratoires
10 décembre 2020
Québec – Durant la nuit, des membres de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), représentant le personnel travaillant dans les laboratoires, ont installé 103 sapins chétifs et rabougris devant la guérite de l’Assemblée nationale, porte d’entrée des député·e·s à l’hôtel du Parlement.
Ils et elles ont ainsi illustré le grave manque de reconnaissance de la part du gouvernement Legault pendant la crise sanitaire. Véritable forêt des mal-aimé·e·s, ils incarnent les 103 laboratoires dans lesquels plus de 5 000 personnes salariées travaillent d’arrache-pied pour effectuer les analyses non seulement d’échantillons pour la COVID-19, mais aussi pour des suivis cliniques et préopératoires.
«Depuis le début de cette pandémie, le personnel de laboratoire est ignoré sciemment par le gouvernement Legault et son ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, qui refusent de lui accorder la même considération qu’à d’autres titres d’emploi. C’est un véritable affront à leur expertise et à leur professionnalisme. Ce manque de reconnaissance va avoir un impact sur notre capacité d’analyse et notre capacité à lutter contre la COVID-19. En effet, ces personnes hautement spécialisées vont tout simplement quitter le réseau à force d’être méprisé·e·s par le gouvernement», a prévenu Andrée Poirier, la présidente de l’APTS.
Cet été, alors que le directeur national de la santé publique, le docteur Horatio Arruda, demandait d’augmenter de manière importante le dépistage pour freiner la propagation de la COVID-19, l’APTS a interpellé le ministre Dubé pour qu’il mette en place des mesures afin de favoriser la rétention de la main-d’œuvre, comme il l’avait fait pour d’autres titres d’emploi. Elle a répété son appel à l’automne. Or, outre les quelques remerciements du premier ministre lors de conférences de presse, remerciements qui ressemblent de plus en plus à des paroles en l’air, rien n’a été fait.
Le plus aberrant dans toute cette histoire, c’est que le gouvernement poursuit en catimini la centralisation des laboratoires, connue sous le nom d’OPTILAB, ce qui a pour effet de dégarnir la capacité d’analyse en région et en dehors des grands centres.
«À Sorel, on envoie ces échantillons au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. Dans Chaudière-Appalaches, on a des glacières qui s’empilent, faute de place, dans les congélateurs et des boîtes d’échantillons qui s’accumulent sur des chariots. Si nous avons appris une chose dans cette crise, c’est qu’il faut se garder des capacités d’analyse dans tous nos laboratoires. Mais le ministère de la Santé et des Services sociaux est obnubilé par OPTILAB et prêt à en faire payer le prix à la population, qui attend plus longtemps pour obtenir les résultats des tests. Pour un parti qui s’est fait élire par les régions du Québec, la considération qu’il leur porte semble minuscule», a ajouté Laure Letarte-Lavoie, 4e vice-présidente et responsable du dossier des laboratoires à l’APTS.
Impose ta pause!
C’est un véritable mouvement qui se propage présentement dans les laboratoires afin que les salarié·e·s, au bout du rouleau, puissent prendre leur pause. Le rythme effréné imposé par le nombre gigantesque d’analyses à effectuer dans des conditions intenables a amené des salarié·e·s à s’imposer de prendre leur pause-café et celle du dîner, quitte à diminuer le nombre d’analyses effectuées dans leur laboratoire. Le tout en respectant leur convention collective. À la fin de la journée, ils et elles lancent le défi à un autre laboratoire, et ainsi de suite.
«À un moment donné, il faut arrêter de presser le citron. On ouvre des quarts de travail de soir et de nuit, et le temps supplémentaire obligatoire a fait son apparition. Nos gens n’en peuvent plus. Le gouvernement les ridiculise par-dessus le marché. S’il n’agit pas, ce mouvement va prendre de l’ampleur et ce seront tous les laboratoires qui prendront leur pause en même temps. Ce sera alors à M. Dubé de justifier auprès de la population pourquoi il a méprisé aussi longtemps nos membres», a conclu la présidente de l’APTS.
L’APTS tient à préciser que les sapins seront récupérés par une entreprise qui en disposera de manière responsable.
À propos de l’APTS
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) regroupe et représente quelque 60 000 membres qui jouent un rôle indispensable au bon fonctionnement des établissements du réseau. Nos gens offrent une multitude de services en matière de diagnostic, de réadaptation, de nutrition, d’intervention psychosociale et de soutien clinique et de prévention, autant de services qui s’adressent à l’ensemble de la population.