Vaccination obligatoire: quand le mieux est l’ennemi du bien
26 août 2021
Québec – Tout en affirmant à nouveau que la vaccination du plus grand nombre de personnes contre la COVID-19 demeure essentielle pour sortir de la pandémie et qu’elle encourage fortement ses membres à se faire inoculer convenablement, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a profité de son passage à la Commission de la santé et des services sociaux de l’Assemblée nationale pour partager ses craintes quant aux conséquences que pourrait entraîner la vaccination obligatoire pour le personnel du réseau.
« Le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) est frappé par une pénurie de main-d’œuvre qui entraîne une surcharge de travail pour tout le personnel professionnel et technique. Donc quand on nous dit que l’on va suspendre sans solde des salarié·e·s alors que notre monde est déjà épuisé à force de tenir le réseau à bout de bras, je crains que la pression devienne insoutenable dans certains secteurs. Et cette crainte est décuplée par l’absence d’un plan de contingence de la part du gouvernement Legault si une telle situation se présentait à la suite du renvoi de salarié·e·s chez eux ou d’une réaffectation qui dégarnirait un service », a déclaré Robert Comeau, président par intérim de l’APTS.
Par le passé, certaines décisions du gouvernement, comme interdire le déplacement du personnel entre les établissements, n’ont pu être mises en application, car leur effet entraînait un bris de service auprès de populations vulnérables, suscitant la confusion parmi les salarié·e·s du RSSS.
« Depuis le début de la pandémie, nos membres se font imposer nombre de décisions arbitraires, bien souvent de manière autoritaire et sans consultation, qui briment leurs droits et dégradent leurs conditions de travail et d’exercice. Cette nouvelle atteinte à leurs droits sera peut-être la goutte qui fait déborder le vase et ils et elles quitteront, épuisé·e·s, le RSSS. Le gouvernement devrait éviter à tout prix la voie de la contrainte et poursuivre les efforts d’éducation et de sensibilisation afin de susciter un maximum d’adhésions. Cette avenue a toujours été celle privilégiée au Québec, y compris lors de l'épidémie de grippe H1N1 en 2009 », a ajouté la vice-présidente de l’APTS, Josée Fréchette.
Le manque d’analyse des effets qu’aurait une telle obligation sur le taux de couverture vaccinale, et le fait que nous ne possédons pas de portrait des raisons qui font en sorte qu’un petit nombre de personnes ne veut pas se faire vacciner, laissent aussi l’APTS sur sa faim et cela empêche le développement de mesures alternatives. Le gouvernement est muet aussi sur les mesures et les pénalités qu’il compte imposer aux partenaires externes du RSSS (agences privées, certains fournisseurs de services privés de santé, les proches aidants ou les visiteurs) pour éviter qu’ils et elles mettent en péril les efforts déployés.
« Encore une fois, on a l’impression que c’est le personnel du réseau public qui va faire les frais des volontés gouvernementales, alors que nous devrions avoir une approche globale. En ce sens, les consultations de cette semaine sont plus que bienvenues. Elles démontrent que nous sommes capables, malgré l’urgence sanitaire, d’avoir des discussions ouvertes sur des enjeux qui touchent les droits des travailleurs et travailleuses. Il est dommage qu’on n’ait pas utilisé cette concertation plus souvent par le passé », a conclu le président de l’APTS.
Consultez notre mémoire sur la vaccination pour plus d'information.
À propos de l’APTS
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) regroupe et représente quelque 60 000 membres qui jouent un rôle indispensable au bon fonctionnement des établissements du réseau. Nos gens offrent une multitude de services en matière de diagnostic, de réadaptation, de nutrition, d’intervention psychosociale et de soutien clinique et de prévention, autant de services qui s’adressent à l’ensemble de la population.