Lettre ouverte | Minibudget du 25 novembre: se donner les moyens d’une sortie de crise juste et solidaire

22 novembre 2021

Lettre ouverte | Minibudget du 25 novembre: se donner les moyens d’une sortie de crise juste et solidaire - APTS

Dans quelques jours, Québec déposera un mini- budget qui, avec le budget de mars prochain, lancera officiellement l’année pré-électorale. Déjà, le décor se pose pour la réédition d’une pièce que l’on connaît trop bien: un gouvernement qui mise sur un statu quo sur le plan fiscal, assorti d’un saupoudrage de baisses d’impôt ici et là. Ce serait, encore une fois, une grave erreur.

Le gouvernement Legault, au sortir d’une crise qui a révélé les failles béantes de notre filet de sécurité sociale, nous dira pourtant vouloir accélérer le renforcement de nos services publics et de nos programmes sociaux. Peut-être, c’est à espérer, voudra-t-il aussi mieux lutter contre la pauvreté et agir en matière d’accès aux logements sociaux. La question centrale reste de savoir s’il s’en donnera les moyens?

Nous le disions, cette pièce, nous ne la connaissons que trop. Elle nous condamne, au mieux, à des mesures insuffisantes et incomplètes, qui ne permettent pas de changer fondamentalement les choses, et au pire, à réentendre parler d’optimisation, de «faire plus avec moins», avec pour seuls résultats prévisibles un nouvel affaiblissement de notre filet social.

Si M. Legault et son gouvernement souhaitent sérieusement mener à terme une sortie de crise qui se fonde sur le renforcement de nos services publics et de nos programmes sociaux, ils doivent avoir le courage de procéder à un changement de cap sur le plan fiscal, pour doter le Québec des moyens de ses ambitions.

Changer de cap

Malheureusement, le gouvernement Legault ne semble pas envisager une augmentation des impôts des plus riches et des entreprises. Alors que ce sont les plus pauvres qui ont assumé le plus lourd du fardeau de la pandémie, que l’inflation risque d’entraîner encore plus de gens dans la précarité et que des services publics et des programmes sociaux pleinement financés seront plus nécessaires que jamais, les raisons ne manquent pas pour emprunter cette avenue.

Pourtant, simplement en imposant faiblement (entre 0,5% et 1%) le patrimoine des plus riches, Québec pourrait aller chercher jusqu’à quatre G$ en argent neuf. Il ne s’agit pas d’un montant anodin lorsque l’on sait que 10% de la population vit dans une situation de déficit humain (incapacité à combler ses besoins de bases) et que la «facture» de ce déficit s’élève à 3,9 G$. Avec cette seule mesure, il serait possible de mettre fin à la misère inacceptable dans laquelle l’inaction gouvernementale confine une personne sur dix.

Ce genre d’exemple peut se multiplier: établir un système à neuf paliers d’imposition rapporterait 2,5 G$, rétablir la taxe sur le capital des institutions financières ajouterait 862 M$ dans les coffres de l’État et réduire le crédit d’impôt sur les dividendes permettrait une économie de 260 M$.

C’est au total 14 G$ qui sont identifiés dans la mise à jour de l’automne des solutions fiscales de la Coalition main rouge. 14 G$ de solutions pour freiner réellement l’érosion des services publics, pour lutter contre la pauvreté, pour offrir un logement social à tous ceux et celles qui en ont besoin et pour lancer une véritable politique de lutte aux changements climatiques. 14 G$ de solutions pour construire un Québec juste et solidaire, réparer durablement les dégâts de l’austérité et arrêter d’en transmettre le fardeau majoritairement aux femmes. Des solutions existent pour changer les choses. Le gouvernement doit avoir le courage de les mettre en place.

Signataires : 

Alain Marois, vice-président à la vie politique, Fédération autonome de l’enseignement (FAE)

Benoît Lacoursière, secrétaire général et trésorier, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ- CSN)

Chantal Desfossés, directrice générale du Regroupement québécois des OSBL d’habitation (RQOH)

Christian Daigle, président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique de Québec (SFPQ)

Claude Vaillancourt, président, ATTAC-Québec

Claudelle Cyr, présidente, Coalition des Tables régionales

d’organismes communautaires (CTROC)

Dominique Daigneault, présidente, CCMM-CSN

France Latreille, directrice, Union des consommateurs

Gaëlle Fedida, présidente, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles

Jeff Begley, président, FSSS-CSN

Marie-Andrée Gauthier, coordonnatrice générale, Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec

Maryane Daigle, responsable de la vie associative et de l’administration, Front Commun des Personnes Assistées Sociales du Québec (FCPASQ)

Robert Comeau, président, APTS

Sylvie Lévesque, directrice générale, Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)

Tristan Ouimet-Savard, responsable de la mobilisation et de l’éducation populaire, Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

Virginie Larivière, Collectif pour un Québec sans pauvreté