L’absence de médecin met en péril le traitement des anglophones aux prises avec des problèmes de dépendance
28 mai 2018
Longueuil− Le centre anglophone de réadaptation en dépendance du Centre intégré en santé et services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO), connu sous le nom de CRD Foster, n’aura plus de médecin à compter de la fin août 2018. Or, de nombreux cas de sevrage requièrent la présence d’un médecin en vertu des protocoles établis pour l’administration de la médication nécessaire. Les partenaires du CRD Foster ont donc été avisés que le centre de Saint-Philippe de Laprairie ne pourra plus recevoir les cas requérant une présence médicale.
« La situation a des conséquences importantes sur la population anglophone mais aussi sur le réseau régional de santé et de services sociaux. Elle prive la clientèle des services conçus pour répondre à ses besoins et oblige les intervenant·e·s à la référer aux centres hospitaliers de la région. C’est un résultat en contradiction directe avec les efforts de désengorgement des urgences promus par le ministère de la Santé et des Services sociaux », déplore Francis Collin, représentant national de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) en Montérégie-Ouest.
Les intervenant·e·s vivent dans la crainte qu’une personne manifestant des symptômes de sevrage sévères ne parvienne pas à avoir accès aux ressources médicales appropriées. « Il n’est pas rare que quelqu’un se présente au centre fortement motivé et déterminé à reprendre le contrôle de sa vie, mais sans soutien médical. Par conséquent les intervenant·e·s ne pourront pas l’accompagner adéquatement dans cette démarche souvent très difficile. C’est plus que regrettable », poursuit le porte-parole syndical.
Questionnés par les salarié·e·s le 23 mars dernier sur les solutions à apporter, le conseil d’administration et le président-directeur général du CISSSMO ont répondu par lettre, le 20 avril, que tous les efforts sont mis auprès des instances concernées pour pourvoir le CRD Foster d’un médecin. Toutefois, aucune lueur d’espoir n’est perceptible à ce jour. « On s’explique mal le manque d’engagement du CISSSMO à l’endroit du CRD Foster, qui est pourtant le seul centre de réadaptation en dépendance public et gratuit pour la population anglophone du Québec », rappelle Francis Collin.
Depuis une démission en juin 2017, la présence d’un médecin à long terme n’a plus été assurée au CRD Foster. Le premier médecin recruté en septembre 2017 a avisé dès son entrée en poste qu’il n’était disponible que jusqu’au 23 décembre. Un autre, qui a occupé le poste à temps très partiel à compter de janvier 2018, a prévenu d’emblée qu’il le quitterait l’été prochain.
Pendant les périodes où il n’y avait pas de médecin, le personnel a pris des mesures exceptionnelles pour assurer l’accès aux services en cure fermée. Des dispositions ont permis d’assurer aux personnes hébergées l’accès à la médication requise lors de l’arrêt de consommation des substances à l’origine de leur
dépendance, pour la durée de leur séjour. Cette façon de faire contrevient cependant aux exigences du Collège des médecins du Québec et le personnel a été informé qu’elle ne serait plus tolérée.
À propos de l’APTS
Avec 55 000 membres, l’APTS est un syndicat indispensable du réseau public de la santé et des services sociaux. Elle représente plus d’une centaine de titres d’emploi distincts parmi le personnel professionnel et technique dans les domaines du diagnostic, de la réadaptation, de la nutrition, de l’intervention psychosociale, du soutien clinique et de la prévention. En Montérégie-Ouest, elle représente 2 700 personnes.