PL 66 : quelle relance économique voulons-nous?
28 septembre 2020
Le gouvernement Legault a subi une importante défaite législative ces derniers mois en devant abandonner son projet de loi sur la relance économique (PL 61). Les critiques étaient nombreuses et justifiées, surtout en ce qui a trait à l’extension de l’urgence sanitaire ou aux mécanismes de contournement des normes environnementales qu’il voulait instaurer.
Qu’à cela ne tienne, Québec revient à la charge avec un nouveau projet de loi (PL 66). L’APTS est heureuse d’apprendre que Sonia Lebel, ministre responsable du dossier, fait marche arrière sur les dispositions qui permettaient au gouvernement de contourner sa propre réglementation d’octroi des contrats publics. Après avoir talonné les libéraux pendant des années sur ce dossier, Il était surprenant de voir la CAQ faciliter le contournement des règles et ouvrir la porte à des dérapages éthiques.
La ministre Lebel insiste pour maintenir une diminution des exigences environnementales. Nous comprenons l’urgence de redynamiser l’activité économique, mais rien ne justifie de le faire au prix d’un laisser-aller qui nous coûtera cher. Des projets d’infrastructure non contrôlés risquent d’être mal conçus et leur impact à long terme sur la santé de la population, négligé.
Déjà, nous voyons chaque jour les impacts des changements climatiques sur la vie des gens qui fréquentent le réseau de la santé et des services sociaux : difficultés respiratoires, problèmes cardiaques, problèmes de santé mentale, etc. Pour être pris au sérieux par la population, tout plan de relance devrait avoir à cœur de lancer au plus vite la transition écologique de notre économie, devenue nécessaire.
Pour y arriver, il est temps de se libérer des réflexes hérités du 20e siècle. Stimuler l’économie, ce n’est plus simplement miser sur les routes, le béton et les ponts. Il faut investir dans les gens. Il faut mettre en place des conditions permettant le plein épanouissement de toutes et tous. Nous en savons quelque chose puisque notre syndicat regroupe plus d’une centaine de professions dont la mission consiste précisément à faire passer l’humain en premier.
Si le gouvernement insiste pour continuer de faire du développement des infrastructures sa seule option, pourquoi lancer à la va-vite tant de nouveaux projets? Nous sommes certain·e·s qu’il sait que le réseau de la santé et des services sociaux souffre d’un déficit d’investissement de 1,4G$, uniquement pour maintenir les infrastructures existantes. Pourquoi diable ne pas s’attaquer à ce problème avant de distribuer les milliards à tous les vents?
Mme Lebel a la chance de faire une différence en nous épaulant. Au lieu de concentrer ses efforts sur le secteur de la construction uniquement, pourquoi ne pas faire un plan de relance digne du 21e siècle? Aujourd’hui plus que jamais, investir dans la santé et les services sociaux est un geste porteur d’avenir.
Lettre ouverte d'Andrée Poirier, présidente de l'APTS, publiée dans Le Soleil