J O U R N É E  D U  P E R S O N N E L  P S Y C H O S O C I A L  >>>

Lettre ouverte | Vieillir dignement : une promesse que le Québec doit tenir

5 décembre 2025

Lettre ouverte | Vieillir dignement : une promesse que le Québec doit tenir - APTS

Vieillir dignement au Québec devrait être un droit, pas un luxe ou une promesse creuse. Pourtant, des milliers de personnes âgées vivent chaque jour dans l’attente, dans l’angoisse ou dans la solitude. Elles attendent qu’une place se libère, qu’une aide arrive, qu’un service reprenne. Elles attendent qu’on se souvienne d’elles.

Faute de places dans un centre d’hébergement public, combien de personnes aînées doivent s'éloigner dans la précipitation de l’endroit où elles ont tout bâti? Combien de proches, souvent des femmes, s’épuisent à offrir des soins jour et nuit, sans soutien ni répit ? Combien de familles se saignent pour payer des résidences privées dont les coûts dépassent les 4 000 $ par mois, simplement pour assurer à leurs parents un repas chaud, un bain, une main tendue ?

La situation n’est guère plus rose pour celles et ceux qui souhaitent rester à domicile. Les soins et services se fragmentent, confiés à une multitude de sous-traitants privés dont la formation et la supervision n’est pas toujours adéquates. Les intervenant·e·s du réseau, quant à eux et elles, courent d’un domicile à l’autre, pris·es entre les formulaires, les contraintes et leur conscience professionnelle. Ces professionnel·le·s ont à cœur de bien faire, mais le système ne leur en laisse ni le temps ni l’autonomie - au détriment du lien de confiance qu’ils et elles tentent coûte que coûte de maintenir avec les personnes aînées et leur famille.

Vieillir, ce n’est pas disparaître. Ce n’est pas devenir un chiffre dans une liste d’attente ni une dépense à réduire. C’est continuer à faire partie du tissu vivant de notre société — à transmettre, à aimer, à exister pleinement. Heureusement, nous pouvons nous engager dans cette voie, ensemble. Nous pouvons construire un réseau public fort, universel, humain — où chaque personne aînée est respectée et entourée, et où chaque proche peut respirer, sachant que ses efforts sont soutenus, reconnus, partagés. Un Québec où vieillir serait synonyme de sécurité, pas de peur ; de sérénité, pas d’abandon.

Nous en appelons aujourd’hui à toutes les personnes qui se présenteront aux prochaines élections québécoises pour servir la population: vous avez le pouvoir — et la responsabilité — de transformer ce drame silencieux en véritable priorité nationale. Aurez-vous le courage de défendre un réseau public solide et accessible pour soutenir nos aîné·e·s? Ferez-vous du vieillissement digne un objectif collectif plutôt qu’un fardeau individuel? Serez-vous de celles et ceux qui choisiront la solidarité plutôt que l’indifférence, pour nos parents, nos grands-parents, et pour nous-mêmes demain? C’est maintenant qu’il faut affirmer, ensemble, que la dignité des aîné·e·s doit être au cœur de notre projet de société.

Signataires

Robert Comeau, président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)

Dre Julia Chabot, présidente de l’Association des médecins gériatres du Québec (AMGQ)

Pierre Lynch, président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR)

Paul-René Roy, président de l'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP)

Micheline Germain, présidente de l’AREQ - Le mouvement des personnes retraitées CSQ

Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ)

Nathalie Déziel, directrice du Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal (RAANM)

Sylvie Tremblay, directrice générale du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU)

Lettre ouverte publiée dans Le Journal de Montréal