Lettre ouverte - Pourquoi pas un gouvernement féministe pour une fois?
8 octobre 2022
Aux lendemains de la réélection de la Coalition avenir Québec (CAQ), l’Intersyndicale des femmes, représentant plus de 300 000 travailleuses syndiquées, s’inquiète pour l’atteinte de l’égalité au Québec. D’abord, les enjeux féministes ont été largement ignorés pendant la campagne électorale.
Pourtant, les défis sont nombreux. Dans ce contexte postpandémique, touché par une inflation galopante et une possible récession, la situation économique des femmes du Québec est plus que jamais fragilisée. Par exemple, le taux d’emploi des femmes n’est pas revenu au niveau prépandémique. À cela s’ajoute que les taux de chômage pandémique ont été plus importants pour les femmes immigrantes, déjà plus touchées par les phénomènes de pauvreté. Pourtant, la CAQ n’a présenté aucun engagement pour réduire l’écart de revenus entre les femmes et les hommes.
Bien que composant plus de 50% de la population, les femmes se retrouvent encore majoritaires dans plusieurs situations de précarité. Elles demeurent les malheureuses championnes des emplois au salaire minimum, atypiques ou à temps partiel, championnes de la monoparentalité et des cas de violence conjugale. Championnes également dans la non-reconnaissance de la valeur de leur travail et des enjeux reliés à leur santé physique et mentale. Qu’est-ce que la CAQ compte faire pour changer cela? Continuer n’est pas une option.
Lors de son premier mandat, le gouvernement de la CAQ n’a pas répondu aux attentes en matière de Condition féminine malgré quelques avancées. Il a ignoré, notamment, la demande de considérer les enjeux spécifiques aux femmes lors de la révision de lois du travail, dont la Loi sur la santé et la sécurité au travail, celle sur les accidents de travail et les maladies professionnelles et la Loi sur l’équité salariale. Loin d’avoir progressé, la situation des femmes a reculé, durant les quatre dernières années et particulièrement durant la pandémie.
Nul besoin de rappeler que les femmes, particulièrement les femmes racisées, ont été au front de la pandémie comme travailleuses essentielles et ont été davantage touchées par la maladie. Nul besoin, non plus, de rappeler l’épuisement de ces travailleuses au front, ou de ces mères jonglant avec l’éducation à la maison et le travail. Maintenant combinée avec le manque de place dans les services éducatifs à la petite enfance et de ces parents qui n’arrivent pas à retourner au travail faute d’une place dans ces services.
Ainsi, nous mettons en garde la CAQ contre la privatisation des services publics. Il est clair que si l’on continue sur cet élan, on s’en va assurément dans le mur en termes d’égalité. Les femmes en sont les doubles perdantes, puisqu’elles sont plus nombreuses à utiliser ces services et à y travailler.
Nous exigeons un gouvernement qui nous représente, nous aussi, les femmes, toutes les femmes, avec nos enjeux spécifiques et qu’il reconnaisse à sa juste valeur notre travail, autant l’invisible que le visible.
Nous demandons qu’il mette en place des solutions structurantes en matière de conciliation famille-travail-études. En matière de violence faite aux femmes, nous exigeons des mesures pour que les femmes et les filles se sentent en sécurité, que leurs agresseurs soient condamnés à des peines qui reflètent la gravité de leurs crimes et que du soutien supplémentaire soit disponible pour les victimes, tel que dix jours de congés payés pour les victimes de violence conjugale. Nous exigeons également que des mesures concrètes visant à réduire les inégalités engendrées par les rôles genrés soient enfin mises en place!
Continuer n’est pas la solution. Nous demandons un avenir empreint d’égalité pour toutes les femmes et filles du Québec et pour y arriver, un changement de cap est nécessaire. Monsieur Legault, passerez-vous à l’action pour un avenir féministe?
Source :
Sandra Étienne, 4e vice-présidente à l’APTS
Sophie Bédard, responsable provinciale à la condition féminine de la CSD
Line Camerlain, première vice-présidente de la CSQ
Mélanie Hubert, présidente de la FAE
Françoise Ramel, vice-présidente co-responsable de la condition féminine à la FIQ
Nathalie Garvin, vice-présidente responsable de la condition féminine au SFPQ
Jessica Bourque, 2e vice-présidente du SPGQ