Il y a beaucoup à faire pour améliorer les services en protection de la jeunesse à Montréal, selon l’APTS
15 octobre 2018
Montréal – Les membres de l’APTS qui travaillent au Centre jeunesse (CJ) de Montréal et dans les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw demeurent perplexes devant le bilan 2017-2018 de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) lancé le 10 octobre dernier sous le thème « La cause des enfants tatouée sur le coeur ». Les chiffres obtenus par l’APTS montrent que, sur le terrain, la réalité est plus rude. Les intervenant·e·s sont à bout de souffle et doivent composer avec des taux de roulement élevés, un manque de ressources et des dossiers qui s’accumulent.
Pour l’année 2017-2018, le taux de roulement au CJ de Montréal a été de 10,9 % et les départs, au nombre de 206 salarié·e·s. Le constat est comparable dans les centres Batshaw, dont les services sont destinés aux anglophones. Le taux de roulement des éducateur·trice·s a augmenté au cours des dernières années pour atteindre 12,2 % et 69 de ces intervenant·e·s ont quitté définitivement leur emploi au cours de la dernière année.
« En CJ, la pression sur le personnel est énorme et les conditions de plus en plus difficiles, indique Véronic Lapalme, représentante nationale de l’APTS. Nombre d’éducateur·trice·s ne font que passer, avant de se trouver un emploi ailleurs ou carrément de se réorienter. Les CJ peinent à retenir leur personnel, tout particulièrement les plus jeunes. » Cet exode a des effets bien concrets sur les jeunes et leurs familles, qui doivent composer avec des retards de plus en plus importants dans l’évaluation des signalements.
« Les chiffres sont parlants : en 2017-2018, il y avait 175 enfants en attente de services du côté francophone, poursuit Véronic Lapalme. Il faut impérativement trouver des solutions pour améliorer les conditions de travail de nos membres. »
« Durant cette période, 302 enfants étaient en attente d’évaluation du côté des services anglophones. Vous pouvez imaginer la pression ressentie par le personnel, qui est conscient des enjeux pour ces enfants, déplore Josée Asselin, représentante nationale de l’APTS parlant pour les salarié·e·s des centres Batshaw. Et depuis, des dizaines de dossiers ont été confiés à des intervenant·e·s trop débordé·e·s pour y donner suite, juste pour réduire artificiellement les listes d’attente quand les délais prescrits par la loi sont dépassés. »
Au CJ de Montréal, le personnel est en surcharge alors que des postes ne sont pas comblés. En 2017-2018, c’est 76 postes qui ont été laissés vacants. « C’est beaucoup trop, affirme Véronic Lapalme. Le syndicat a déposé des griefs collectifs à propos de cette surcharge et du climat de travail malsain qui s’est installé. » Du côté anglophone, 84 postes sont restés vacants en 2017-2018.
Les équipes, francophones comme anglophones, sont épuisées par cette situation. L’an dernier, 165 personnes ont été dans l’obligation de prendre un congé de maladie. L’APTS estime qu’il est plus que temps de s’attaquer à ce fléau avec des solutions durables.
« Les intervenant·e·s des CJ connaissent les besoins des enfants et de leurs familles. Il faut les écouter. Notre syndicat suit de près la réalité de ses membres en CJ et nous appelons les établissements et le ministère à travailler de pair avec notre syndicat afin de bien identifier les problèmes et, surtout, d’y apporter des solutions », de conclure les deux représentantes syndicales.
À propos de l’APTS
Avec 55 000 membres, l’APTS est un syndicat indispensable du réseau public de la santé et des services sociaux. Elle représente plus d’une centaine de titres d’emploi distincts parmi le personnel professionnel et technique dans les domaines du diagnostic, de la réadaptation, de la nutrition, de l’intervention psychosociale, du soutien clinique et de la prévention. Il y a plus de 2 000 membres de l’APTS au CJ de Montréal et 550 dans les centres Batshaw.