Démystifier la mission CRDITSA
21 avril 2021
Trois intervenantes du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme (CRDITSA) de l’Estrie témoignent de ce qui est à la source de leur motivation professionnelle. Voici le portrait de cette mission, signé par une conseillère syndicale en relations de travail.
Au Québec, durant des décennies, lorsqu’un enfant naissant présentait des besoins particuliers, peu d’options s’offraient aux parents. Ils devaient soit tenter d’éduquer leur enfant au meilleur de leurs connaissances ou le placer en institut psychiatrique ou à l’orphelinat. Un avenir très sombre pour ces tout-petits.
Durant les années 1970, afin de répondre aux besoins alarmants découlant du mouvement de désinstitutionnalisation amorcé partout au Québec, la fondation Dixville décida d’accueillir des personnes atteintes de déficience intellectuelle dans sa communauté.
Intégrée au réseau de la santé et des services sociaux, cette mission essentielle est maintenant sous la Direction des programmes en déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique (DITSA-DP) et une dizaine de titres d’emploi professionnels et techniques de la catégorie 4 sont nécessaires à sa mise en œuvre, dont :
- Éducatrice
- Chef de module
- Responsable d’unité de vie
- Psychoéducatrice
- Ergothérapeute
- Agente de relations humaines (ARH)
- Technicienne en assistance sociale
- Travailleuse sociale
- Psychologue
- Spécialiste en activités cliniques
Les divers centres d’activités sous cette direction se divisent en deux volets.
Services externes
Le premier concerne principalement les services offerts à l’externe aux personnes de tout âge présentant une déficience intellectuelle et/ou un trouble du spectre de l’autisme (DI-TSA).
La personne est d’abord vue par l’équipe de validation composée d’une psychoéducatrice, d’une orthophoniste, d’une ergothérapeute et d’une neuropsychologue. Une éducatrice spécialisée peut être interpellée au besoin. Cette équipe a pour mandat de faire les évaluations nécessaires selon la demande de service, puis d’établir et de mettre en place les premières stratégies, et ce, dans un délai de trois mois. Ensuite, si les services sont toujours requis, le dossier est transféré à un·e intervenant·e du centre d’activité Adaptation et réadaptation qui pourra poursuivre la mise en œuvre des recommandations émises, seul·e ou de concert avec d’autres professionnel·le·s.
Amy, éducatrice spécialisée, travaille dans le centre d’activité Adaptation et réadaptation auprès de personnes ayant une déficience intellectuelle et/ou un trouble du spectre de l’autisme âgées de six ans et plus. Sa mission est de leur fournir, ainsi qu’à leur famille et aux personnes qui composent leur milieu de vie, des outils afin de pallier les problèmes ou comportements qui font obstacle à leur intégration communautaire.
Interrogée sur son choix de clientèle, Amy répond : «Je pense que c’est plutôt la clientèle qui m’a choisie! J’ai débuté ma carrière au CRDI auprès des 0-5 ans et je suis passée aux 6 ans et plus il y a environ sept ans».
« Je suis tombée en amour avec leur mode de fonctionnement, de compréhension, avec leur façon unique de voir le monde et de l’interpréter. Je me suis trouvée à ma place dans ce type d’intervention, dans les liens que je développe avec ces jeunes et moins jeunes. Ils et elles nous amènent à revoir constamment nos pratiques, nos valeurs et nos perceptions, et à réinventer nos stratégies. Je m’en suis trouvée grandie en tant qu’humaine. C’est très stimulant. Une fois la ‟recette” trouvée, on a généralement accès à un potentiel incroyable, vraiment surprenant chez ces personnes. C’est magnifique à voir », conclut Amy.
Sabrina, technicienne en éducation spécialisée, œuvre depuis plus de 17 ans dans ce domaine. Son objectif principal est de favoriser la participation sociale des usager·ère·s par une intégration dans la communauté. Elle décrit ainsi son expérience :
« Dès le début, j’étais intriguée par le travail auprès de cette clientèle. Ce n’est pas tous les jours facile, certes, mais j’ai un réel plaisir à travailler avec ces personnes. Je me considère privilégiée de les découvrir jour après jour. J’apprécie le fait de les voir s’épanouir malgré leur différence. »
« J’aime les voir s’intégrer dans la communauté, être progressivement acceptées, trouver leur place. J’aime faire la différence pour elles. Voilà, je les aime tout simplement! »
Sabrina souligne par contre que, depuis plus d’un an, il est difficile de réaliser ce mandat en raison du manque de ressources humaines et du contexte de pandémie.
Adaptation et réadaptation à l’interne
Le deuxième volet de la direction CRDITSA comprend les services d’adaptation et de réadaptation à l’interne, consistant à offrir un milieu de vie aux personnes ayant une déficience intellectuelle et/ou un trouble du spectre de l’autisme dans les résidences à assistance continue (RAC).
Marie-Ève, technicienne en éducation spécialisée, en RAC depuis de nombreuses années, doit accompagner chaque personne, dont certaines présentent un potentiel d’agressivité très élevé, durant les activités de la vie quotidienne. Elle doit, à travers la routine journalière, développer le maximum des capacités de ses protégé·e·s. Les intervenant·e·s en RAC doivent composer avec le manque de personnel et des «maisons» en majorité désuètes. Ce qui rend difficile l’atteinte de leurs objectifs.
Comme ailleurs dans le réseau, beaucoup d’éléments restent à mettre en place afin de s’assurer du bon fonctionnement de cette direction. On pense notamment à la surcharge de travail, à la formation des employé·e·s, à la comorbidité des usager·ère·s ainsi qu’aux défis relevant de la santé et de la sécurité du travail. Plusieurs hésitent encore à documenter les incidents et accidents qui surviennent au travail. Heureusement, les membres relevant de cette direction ont la chance de travailler en équipe et de se sentir soutenu·e·s par leurs collègues, partageant le sentiment d’appartenir à une famille.
Malgré toutes les difficultés elles et ils espèrent toujours le mieux pour leur clientèle, dont les membres méritent de bonnes conditions pour avancer dans leur processus de réadaptation.
*Cette publication a été adaptée d’un article de l’édition de février 2021 du journal local de l’APTS Estrie, L’indispensable.
Rédaction: Christine St-Laurent | Collaboration: Étienne Guérette