Décès de la petite Rosalie : une autre preuve que le problème est systémique, selon l'APTS

16 mai 2019

Décès de la petite Rosalie : une autre preuve que le problème est systémique, selon l'APTS - APTS

LONGUEUIL - « En soulignant la déficience des communications entre la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et d'autres intervenants, comme les centres d'hébergement pour femmes violentées, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) met le doigt sur un des problèmes importants du système. »

Ainsi a réagi aujourd'hui Carolle Dubé, présidente de l'APTS, à la suite des recommandations de la CDPDJ, qui s'est penchée sur le décès de la petite Rosalie survenu en avril 2018 dans la région de Québec. « Le constat de la CDPDJ plaide en faveur de notre position, à savoir de confier à l'imminente commission gouvernementale un mandat suffisamment large pour couvrir ce genre de problème, qui déborde du cadre de la DPJ », insiste-t-elle.

« Si l'on parle souvent de la pénurie de personnel, de la surcharge de travail ou des listes d'attente à la DPJ, poursuit-elle, on parle beaucoup moins souvent des problèmes de communication dans l'ensemble du système de protection de la jeunesse. Il faut absolument que la future commission annoncée par le gouvernement cerne ce problème, qui s'ajoute au sombre tableau des difficultés expliquant la crise actuelle. »

Le cas des centres d'hébergement pour femmes est symptomatique. L'interface entre ceux-ci et la DPJ est loin d'être toujours évidente, observe-t-on dans le milieu. « Le rôle de chacun est légitime, reconnaît Carolle Dubé. D'un côté, on cherche à protéger la mère; de l'autre, les enfants. Il faut absolument trouver une façon de mieux concilier les deux missions. La solution d'une table de concertation proposée par la CDPDJ est assurément un pas dans la bonne direction. »

S'il y a des problèmes de communication entre divers intervenants, il y en a aussi au sein même de la DPJ, rappelle toutefois Carolle Dubé. « Il faut être capable de regarder les choses en face : cette critique revient souvent dans le discours des observateurs et c'est un sujet sur lequel devra se pencher sérieusement la commission. La DPJ a une mission importante : protéger les plus vulnérables. Elle doit toutefois faire preuve d'une saine transparence dans ses processus. C'est une question de confiance envers l'institution. »

« Ça fait des années, cite notamment en exemple Carolle Dubé, que nos intervenant·e·s sonnent l'alarme, dénoncent les problèmes et proposent des solutions, en ayant l'impression de se heurter à un mur et de prêcher dans le désert. Pendant que nos gens crient à l'urgence, on leur impose des mécanismes de reddition de compte qui alourdissent leur charge de travail et limitent le temps consacré aux interventions sur le terrain. À quoi servent ces statistiques? À imposer des cibles de rendement? Cela ne fait aucun sens à un moment où le réseau croule sous la pression des signalements. »

Alors que l'annonce de la création de la commission sur la DPJ est imminente, la présidente de l'APTS tient à rappeler que des solutions urgentes doivent être mises en place, car les conditions de crise prévalent toujours sur le terrain. « Les travaux de cette commission dureront quelque deux ans. Nos intervenant·e·s ont proposé une feuille de route au ministre Carmant pour parer à l'urgence et juguler la crise. Des recommandations "qui ne tomberont pas dans l'oubli", s'est-il engagé vendredi dernier en les rencontrant. Nous sommes toujours prêt·e·s à lui faire confiance. »

À propos de l'APTS

L'Alliance du personnel professionnel et technique du réseau de la santé et des services sociaux (l'APTS) regroupe et représente quelque 55 000 membres qui jouent un rôle indispensable au bon fonctionnement des établissements du réseau. Nos gens offrent une multitude de services en matière de diagnostic, de réadaptation, de nutrition, d'intervention psychosociale et de soutien clinique et de prévention, autant de services qui s'adressent à l'ensemble de la population.