Crise en protection de la jeunesse - L'APTS lance l'opération « Toutou cherche député⋅e d'accueil »
12 juin 2019
MONTRÉAL - « Olivia, cinq ans. En foyer d'accueil depuis l'âge de deux ans et demi. S'automutile. Mère déficiente intellectuelle. Répète sans cesse qu'elle retournera chez sa maman bientôt. William, huit ans, hyperactif. Troisième foyer d'accueil. Agressif envers ses professeurs. Encouragé par son père à mal se comporter avec sa famille d'accueil. A connu une maison familiale avec bouteilles de boisson et armes qui traînent. »
Ce sont là quelques exemples des notes biographiques que portent à leur cou 125 toutous en peluche que les représentant·e·s de l'APTS vont remettre en personne, ces prochains jours, aux 125 député·e·s de l'Assemblée nationale pour leur rappeler leur engagement unanime à faire de la protection de la jeunesse une « priorité nationale ». Voilà l'objectif de l'opération « Toutou cherche député·e d'accueil » lancée aujourd'hui par l'APTS, qui représente 90 % des intervenant·e·s dans les centres jeunesse à travers le Québec.
Réuni·e·s à Montréal, en conseil général, les délégué·e·s de l'APTS ont amené sous leur aile un toutou personnifiant un des milliers d'enfants confiés à la DPJ. « Ainsi qu'il arrive souvent à ces enfants, chacun de ces toutous sera confié à un·e député·e à titre de parent d'accueil, le temps que notre système cesse d'être dysfonctionnel, à force d'améliorations, a expliqué Carolle Dubé, présidente de l'APTS. Nos équipes feront des visites régulières à leurs député·e·s afin de vérifier qu'ils et elles s'acquittent bien de leur tâche envers le toutou qu'on leur a confié. »
« Nous voulons ainsi rappeler, d'insister Carolle Dubé, que la création de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ), même si elle est bienvenue, ne constitue que l'un des deux versants de la « priorité nationale » évoquée par nos élu·e·s. L'autre, précise-t-elle, est la mise en place de mesures énergiques immédiates pour s'attaquer aux causes qui ont conduit au décès d'une fillette de sept ans à Granby, troisième événement du genre en autant d'années et preuve de l'urgence de la situation, ce contre quoi la CSDEPJ ne peut rien actuellement. »
« La pénurie de personnel, la surcharge de travail des intervenant·e·s, l'allongement des listes d'attente, etc., rien n'a vraiment changé sur le terrain, rappelle la présidente de l'APTS. Résultat : un autre drame pourrait se produire demain matin. Si le gouvernement ne fait rien de vraiment significatif ces prochaines semaines et qu'un tel événement devait survenir, un sérieux examen de conscience s'imposerait à lui, prévient Carolle Dubé, pour n'avoir pas donné suite aux appels à l'aide et aux multiples solutions de nos intervenant·e·s depuis plusieurs semaines déjà. »
L'APTS craint que la création de la CSDEPJ, la fin des travaux parlementaires ainsi que les vacances estivales nous fassent collectivement baisser la garde et qu'elles freinent l'élan de bonne volonté qui s'est enclenché le 2 mai dernier, d'où le lancement de cette opération toutou. Ces peluches se sont spontanément imposées comme symbole par excellence des enfants négligés et de l'empathie des Québécois·es envers eux. Elles symbolisent la souffrance et le désespoir de tous ces enfants anonymes et, désormais, leur vibrant appel à l'aide.
« Cela étant, le toutou qui sera remis à nos député·e·s au cours des prochains jours doit leur servir de rappel quant à l'urgence de la situation et à leurs responsabilités envers tous les enfants du Québec, pour la protection desquels ils et elles se sont engagé·e·s solennellement au Salon bleu de l'Assemblée nationale. La misère, la négligence, les abus et la violence faites à nos enfants ne prennent malheureusement pas de répit, de leur rappeler la présidente de l'APTS. Il faut des solutions énergiques immédiates pour nos enfants. Ça presse! »
À propos de l'APTS
L'Alliance du personnel professionnel et technique du réseau de la santé et des services sociaux (l'APTS) regroupe et représente quelque 55 000 membres, dont quelque 10 000 dans les centres jeunesse, qui jouent un rôle indispensable au bon fonctionnement des établissements du réseau. Nos gens offrent une multitude de services en matière de diagnostic, de réadaptation, de nutrition, d'intervention psychosociale et de soutien clinique et de prévention, autant de services qui s'adressent à l'ensemble de la population.