bilan annuel de la DPJ: : près de 9 signalements par jour sur la Côte-Nord

19 juin 2025

bilan annuel de la DPJ: : près de 9 signalements par jour sur la Côte-Nord - APTS

La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Côte-Nord croule sous les signalements : elle en a reçu 3655, soit beaucoup plus que l'année dernière. Le nombre d’enfants dont le dossier est retenu par la DPJ a aussi fortement augmenté, passant de 645 à 902 en un an. Il s’agit d’une augmentation de près de 40 %.

La plupart de ces dossiers concernent des enfants de 5 à 12 ans, indique Nadia Denis, directrice de la protection de la jeunesse pour la Côte-Nord.

Autre constat frappant : les cas de risques de négligence, liés à la santé mentale ou à la toxicomanie, par exemple, ont bondi de 7 %.

Pour la directrice de la protection de la jeunesse de la Côte-Nord, cela s’explique par l’ajout d’un motif de compromission ou une situation qui déclenche l'obligation de signalement à la DPJ, liée à l’exposition à la violence conjugale, dans la Loi sur la protection de la jeunesse.

De plus, l’immensité du territoire peut rendre plus difficile l’accès aux services.

La Direction de la protection de la jeunesse de la Côte-Nord ne compte que 17 évaluateurs de signalements sur 25 postes pour l’ensemble de la région.

La pénurie de main-d’œuvre peut entraîner des retards dans le traitement de dossiers. Ces retards peuvent avoir des conséquences graves, souligne la présidente de l’APTS Côte-Nord, Mylaine Larocque.

Si des évaluatrices interviennent plusieurs mois après le premier signalement, certains éléments de preuves ou le motif de compromission pourraient avoir disparu ou ne pas être apparents, selon elle.

La DPJ pourrait alors clore un dossier, faute de preuves.

De son côté, le représentant national de l’APTS pour la Côte-Nord, Kevin Newbury, soutient que les employés de la DPJ devront nécessairement prioriser certains dossiers, plus urgents que d’autres."Finalement, la situation se dégrade et il y a quand même un enfant au bout de la ligne qui en paye le prix ou une famille qui perd des outils."

La DPJ, faute de première ligne

Plus de 3655 signalements ont été traités par la Direction de la protection de la jeunesse sur la Côte-Nord entre 2024 et 2025. Un signe de confiance envers la DPJ ainsi que d’un manque de financement dans les services de première ligne, comme en santé mentale, selon l'APTS Côte-Nord.

Sur la Côte-Nord, il s'agit d’une forte augmentation de 22,4 % des signalements comparativement à l’année dernière. À l’échelle de la province, 141 622 cas ont été signalés, soit une augmentation de 5 %.

Le message de Nadia Denis est clair : la DPJ doit faire partie d’un ensemble de mesures pour protéger les enfants et ne peut pas être un service de première ligne.

Oui, on a eu une hausse des signalements sur la Côte-Nord, mais malgré cette hausse, seulement 25 % des cas signalés ont été retenus, nuance-t-elle.

Quelque 75 % des signalements traités ont donc été écartés, mais sont tout de même suivis, soutient la directrice provinciale pour la Côte-Nord.

"On constate que des enfants, des familles qui n'ont pas de services vivent des problèmes importants : enjeux socio-économiques, santé mentale, toxicomanie, difficulté de trouver un logement." (Nadia Denis, directrice de la protection de la jeunesse pour la Côte-Nord)

Selon elle, il est important pour la DPJ de favoriser l’accès à des services rapidement et d'éviter l’intervention de l’État par la voie de la Loi sur la protection de la jeunesse, une loi exceptionnelle à utiliser en dernier recours.

La présidente de l’APTS Côte-Nord, Mylaine Larocque, abonde dans ce sens. Ça devrait être le bout de ligne d’intervention, dit-elle.

Cependant, la représentante syndicale dénonce une période d’austérité, et un sous-financement en santé qui limitent l’accès aux services de santé et de services sociaux au Québec.

Donc, évidemment qu’il y a des situations qui sont échappées et ça découle sur la DPJ qui n’a pas le choix d’intervenir dans ces situations, ajoute-t-elle.